Quand on parle de vin minéral, on pourrait penser (à tort) qu’il s’agit d’un vin qui aurait capté des minéraux directement des sols de ses vignes. Admettons que ça fasse une belle histoire marketing – l’idée que votre riesling capte la roche volcanique ou que votre chablis exprime les coquilles fossiles de son terroir. Mais la réalité, encore une fois, est plus complexe.
D’un point de vue scientifique, les cépages ne “transfèrent” pas directement les minéraux du sol vers le raisin ou le vin. Comme l’explique Alex Maltman, géologue et auteur réputé sur cette thématique, les sols influencent le goût d’un vin de manière indirecte : via les nutriments qu’ils apportent à la vigne, leur capacité à retenir l’eau ou encore leur capacité à réguler la température autour des racines. Mais ce que vous percevez comme “minéralité” dans votre verre ne correspond pas littéralement aux cailloux sous vos pieds.
Alors, c’est quoi cette fameuse minéralité ?
Ce n'est pas un problème chimique, mais bien une expérience sensorielle. La minéralité est une notion multidimensionnelle, un mélange d’arômes, de saveurs et de sensations qui rappellent des choses bien terrestres : l’odeur des pierres mouillées après la pluie, la craie qu’on manipulait à l’école, ou encore une pointe saline. C’est souvent un mix entre les arômes perçus au nez et les sensations en bouche.
Quelques exemples classiques :
- Un chablis (issu de chardonnay) qui évoque clairement la coquille d’huître ou la pierre à fusil.
- Un riesling de Moselle qui offre une fraîcheur mordante avec des notes de pierre humide ou de silex.
- Certains vins rouges du nord du Rhône, comme la syrah de Côte-Rôtie, qui peuvent avoir des accents de graphite.