Découvrir les nouveaux styles de vins : une aventure sensorielle hors des sentiers battus

22/07/2025

Une chasse ouverte aux nouveaux styles : pourquoi ces vins nous intriguent ?

La montée en puissance des nouveaux styles de vins n’est pas un simple feu de paille médiatique. Selon l’Organisation Internationale de la Vigne et du Vin (OIV), la part du vin nature dans le volume total des vins produits en France a dépassé les 1,5% en 2022 (OIV), et même si le chiffre paraît modeste, il ne cesse de grimper. Derrière cette tendance, il y a plus qu’un effet de mode : une volonté de bousculer les codes, de rechercher davantage d’authenticité et de redécouvrir des méthodes d’élaboration parfois aussi anciennes que le vin lui-même.

  • Un désir de retour aux sources avec des vins franchement moins standardisés
  • Une quête d’expression du terroir sans filtre, parfois brute de décoffrage
  • Le plaisir de surprendre ses papilles avec de nouveaux arômes et textures

Le vin orange : l’enfant terrible des amphores géorgiennes

Le vin orange s’invite chaque année davantage sur les tables et dans les discussions entre amateurs curieux. Mais sous ce nom plutôt poétique, de quoi parle-t-on précisément ?

Comment est-il produit ?

Les vins oranges sont élaborés à partir de raisins blancs… mais vinifiés comme des rouges ! Concrètement, les baies de raisin blanc, au lieu d’être pressées directement, fermentent avec leurs peaux et parfois leurs rafles. Cette macération, qui peut durer quelques jours à plusieurs mois en fonction du vigneron, donne au vin une couleur ambrée, voire franchement orange et surtout une structure tannique inédite pour un blanc.

  • Premières traces : Les origines remontent à 6000 ans en Géorgie, où l’on vinifie toujours dans des “qvevris” (amphores enterrées). Justice est donc rendue après des siècles d’oubli !
  • Explosion de la production : Entre 2011 et 2023, les plantations de cépages destinés au vin orange ont triplé en Slovénie et augmenté de 30% en Italie (Decanter).

En bouche ça donne quoi ?

  • Des arômes d’écorce d’orange, d’abricot sec, de thé noir, d’épices, parfois une touche iodée
  • Des tanins subtils, souvent un léger voile oxydatif, une amertume qui “réveille”

En France, citons Thierry Germain (Domaine des Roches Neuves, Loire) qui signe de superbes chenins oranges, ou la Maison Pierre Frick en Alsace.

Les vins nature : moins c’est plus

“Nature”, ce mot a le don de créer des débats passionnés, parfois embrumés. Alors… c’est quoi précisément un vin nature ?

  • Levures indigènes : fermentation spontanée, pas d’enzymes ajoutées
  • Soufre ? S’il y en a, c’est à dose minimale (souvent moins de 30 mg/L, soit environ 5 à 10 fois moins que dans un vin classique selon les chiffres de l’RVF)
  • Aucune correction : pas d’acide ajouté, pas de filtration agressive, jamais de collage animal

Un peu de contexte réglementaire

Pour l’instant, il existe un label officiel français : le fameux “VN” (Vin Méthode Nature). Depuis 2020, seules les bouteilles respectant un cahier des charges rigoureux (comm. INAO/OIV 2021) peuvent en bénéficier – encore une minorité.

À quoi s’attendre ?

  • Des vins parfois un peu “troublés” (limpidité optionnelle !)
  • Profil aromatique original, parfois exubérant (fruits frais, touches de “muscat”, pointe de pétillance)
  • Un potentiel de surprise à chaque gorgée : même le même vin, sur 2 millésimes, peut varier sensiblement

Côte producteurs, citons la Loire – éternelle pionnière (Pierre-Olivier Bonhomme, Robinot), le Beaujolais (Lapierre et la clique du vin nature historique), mais aussi le Jura et l’Alsace qui regorgent d’artisans iconoclastes.

Pétillant naturel : l’esprit bulle au naturel (Pet-Nat, pour les intimes)

Dans la catégorie fête et fraîcheur, les pétillants naturels (ou Pet-Nat) font des bulles dans les verres… et dans les ventes ! D’après la Fédération des Vins Naturels, leur part a été multipliée par 4 sur les dix dernières années, notamment grâce à la mode des apéros “naturels” dans les villes comme Paris ou Lyon.

  • Élaboration : La prise de mousse se fait SANS adjonction de sucre ou de levures – on embouteille le vin encore en fermentation, ce qui produit des bulles in situ (méthode ancestrale, donc bien antérieure au Champagne).
  • Résultat : Bulle très fine, vin souvent un peu “trouble”, aromatique sur la pomme, les fleurs blanches, la craie fraîche, acidité bien marquée.
  • Côté chiffres : En 2022, plus de 9 producteurs sur 10 en Loire ont proposé au moins une cuvée Pet-Nat (source : InterLoire).

Exemples marquants : le Pet-Nat “La Bulle” du domaine Bertin-Delatte (Loire), ou encore le Pet-Nat de Maupertuis en Auvergne pour les amateurs de raretés.

Rosés réinventés et rouges légers : la vague des profils “glou-glou”

Un autre phénomène accompagne la remise en question des codes du vin : celui des rouges légers, acidulés, frais, qui se laissent boire avec un plaisir immédiat. Les Anglo-saxons parlent de “crushable”, les Français préfèrent “glou-glou” (on a le chic pour les onomatopées !).

  • Exemples : Beaujolais primeur, Gamay nature de Loire, certains Pineau d’Aunis ou Cinsaults sudistes.
  • Caractéristiques : Peu d’extraction, macérations courtes, tanins discrets mais fruit éclatant.
  • Effet de mode ? Pas seulement ! D’après Wine Intelligence, la part des rouges légers chez les jeunes consommateurs français a progressé de 28% entre 2016 et 2023.

Où trouver ces vins, et comment ne pas se tromper ?

  • Cavistes indépendants : à privilégier, ils goûtent (presque) tout !
  • Salons spécialisés : “La Dive Bouteille”, “Vignerons Indépendants”, “Raisins Gaulois”…
  • Décryptez les étiquettes : Cherchez les mentions “vinifié sans sulfite ajouté”, “macération sur peau”, indication de méthode ancestrale, présence du label “VN”, etc.
  • Prix : Comptez en moyenne 13 à 25 € pour un bon vin orange ou nature de vigneron talentueux (source : La Revue du Vin de France).

Qui boit ces vins ? Chiffres et profils d’amateurs

Qui sont les amateurs de ces nouveaux styles ? Ni des marginaux ni des snobs. Une étude Vin & Société menée en 2022 montre que 42% des Français âgés de 25 à 45 ans ont déjà goûté un vin nature et que 61% des jeunes diplômés urbains sont ouverts à l’idée de tester des vins orange ou Pet-Nat.

  • Un public citadin, majoritairement féminin selon les ventes analysées par les plateformes spécialisées (Le Petit Ballon, Vinibee…)
  • De plus en plus de restaurateurs étoilés (3 restaurants 2 étoiles sur 5 à Paris en 2023 avaient au moins un vin orange à la carte, source : magazine “Le Chef”)

Pourquoi ces vins méritent l’attention de tous les curieux ?

  • Côté gastronomique : Les tanins d’un vin orange subliment un plat épicé ou un fromage affiné, un Pet-Nat égaie un apéro, un rouge léger magnifie des tapas ou une assiette de charcuterie – de quoi sortir du combo éternel “vin rouge avec viande” !
  • Côté éthique : Beaucoup de ces vignerons affichent des démarches environnementales très claires : agriculture bio, biodynamique, circuits courts.
  • Côté goût : Ces vins invitent à la curiosité permanente : pas de standardisation, chaque bouteille est (un peu) une aventure.

Pour aller plus loin : essai, erreurs et belles découvertes

Au final, explorer les nouveaux styles de vins, c’est oser sortir du “confort degustatif”. Il y aura des surprises, des incompréhensions… mais chaque expérience ajoute une brique à votre palais. Le secret ? Rester ouvert, goûter à plusieurs, discuter avec les vignerons, ne jamais juger une bouteille au premier nez : la patience et la curiosité sont les meilleures amies de l’amateur.

L’univers du vin orange, nature, Pet-Nat ou glou-glou est en pleine effervescence : kil est grand temps d’y plonger, de préférence sans idées préconçues. On parie que vous trouverez, tôt ou tard, une perle qui deviendra votre nouveau classique à partager ? Bonne dégustation, à vos verres (et à vos aventures gustatives) !

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